Introduction
Le guide Étudier les génocides présente neuf génocides reconnus par l’ONU, le Canada ou le Québec. Découvrez ici le cas du génocide des Roms et des Sinti sous le Troisième Reich allemand, présenté à travers quatre sections : la première section met en contexte l’étude à l’aide d’une carte, de faits saillants et d’une chronologie; la deuxième propose une problématisation du cas étudié ; la troisième examine les éléments essentiels du contexte historique ; et la quatrième section décrit le génocide selon les six étapes du processus génocidaire.
Extrait d’un témoignage
"Je ne peux pas croire que je sois encore en vie. Ma survie était une punition . J'ai demandé à Dieu encore et encore : Pourquoi suis-je le seul à avoir survécu ? Ils ont détruit nos vies : notre amour, nos familles, notre cohésion. Nous n'avons plus de famille. Tout est en lambeaux. Ils ont tout pris. Les gens se faisaient confiance, ils étaient ouverts, amicaux. . . . Tout cela a disparu. Je ne crois même plus en moi . Ils ont détruit notre foi en l'autre, et tous les sentiments qui l'inspiraient."
Témoignage de Maria R., survivante stérilisée en 1944, interviewée à Hambourg en 1989


Ligne du temps
Faits saillants
- Des centaines de milliers de Roms et de Sintis (certains estiment leur nombre à 1 million), sur une population de 1,5 à 2 millions d'habitants en Europe, ont été assassinés.
- Dans l'idéologie raciste nazie, les Roms étaient injustement considérés comme des criminels, des asociaux et un danger pour la race aryenne.
- Les Roms ont fait l'objet d'arrestations arbitraires, de dépossessions, d'internements, de stérilisations forcées et d'"expériences scientifiques".
- Des dizaines de milliers de Roms et de Sintis ont été fusillés et d'autres ont été assassinés ou sont morts de faim dans les camps de la mort.
- Dans le Troisième Reich et les territoires annexés
- 1933-1945, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale
- L'Allemagne nazie et ses alliés en sont les auteurs.
- Les Roms et les Sintis en ont été les victimes.
L'histoire complète
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Images
Témoignages
Je suis à Birkenau, le Vernichtungslager, le camp d’extermination, et je vois ces “Tsiganes” : des femmes, des épouses, des maris, des familles ensemble, des enfants, la saleté, tout ce que vous pouvez imaginer. Ils sont là, les familles ensemble. Alors, certains des anciens, nous leur avons demandé : “Oh, il s’agit du camp des ‘Tsiganes’, il y a des ‘Tsiganes’ ici. Ils souffrent du même destin que nous, mais sont avec leurs familles.” [...] Une nuit, ils nous disent à tout le monde dans la caserne, tard, vers 9 heures : “Fermez les portes, personne ne peut sortir, même pour aller à la salle de bain!” Tout est verrouillé. Nous avons pu voir à travers les fissures de la caserne en bois. Tous les “Tsiganes” ont été sortis ce jourlà. Tout ce que nous avons entendu, c’était plusieurs camions jusqu’au boulevard, le boulevard central où se déroulent les appels. Les moteurs sont bruyants, il y a des braillements, des pleurs, tatatata. Ils les ont tous emmenés, jusqu’au dernier “Tsigane”. Et cette nuit-là, ils les ont gazés et brûlés, les familles ensemble.
Témoignage de Paul J. Herczeg, survivant juif de l’Holocauste
1940-1944: Les Tsiganes ont été obligés de se faire répertorier comme membres d’une autre “race”. Le terrain sur lequel nous étions installés a été clôturé et placé sous surveillance policière. Un an plus tard, les Allemands ont emmené mon mari; ils m’ont renvoyé ses cendres quelques mois plus tard. Folle de douleur, j’ai coupé mes longs cheveux et, avec l’aide d’un prêtre, j’ai enterré ses cendres en secret dans un sol béni. Finalement, les Allemands ont déporté les derniers membres de notre famille dans un camp Nazi réservé aux Tsiganes, à Birkenau. Je prenais soin de mes enfants autant que je pouvais dans ce terrible endroit, mais mon plus jeune fils a été emporté par le typhus.
Témoignage de Marie Sidi Strojka, survivante du génocide des Roms et des Sinti